Les tentatives de suicide à l'adolescence : les facteurs de risque


 


Les tentatives de suicide à l'adolescence : les facteurs de risque


Les tentatives de suicide, au même titre que les troubles de conduite alimentaire ou les fugues, constituent la majorité des troubles du comportement de la période adolescente. Le suicide est la première cause de mortalité à l'adolescence. N'oublions pas que le passage à l'acte révèle toujours l'expression d'une souffrance psychique.


Quels sont les facteurs de risque ?

Certaines conditions doivent être réunies dans l'existence de l'adolescent pour qu'il en vienne à tenter de mettre fin à ses jours. Voici les principaux facteurs de risque :

La famille

L'environnement familial constitue sans conteste le premier facteur susceptible d'amener l'enfant à de telles extrémités. Difficultés socio-économiques, climat familial perturbé  : conflits, séparation, recomposition familiale; ambiance coercitive ou à l'inverse trop laxiste, indifférence, absence parentale, carences affectives, violence, parfois abus sexuel, les motifs invoqués sont nombreux.

Le sentiment qui submerge l'adolescent est un sentiment d'impuissance : ne se sentant pas en mesure de pouvoir inverser la tendance, il se résigne parfois au pire.


L'isolement social

A l'ère d'internet et des réseaux sociaux, l'ado passe de plus en plus de temps devant ses écrans. Cette immersion quotidienne dans le monde virtuel des jeux vidéos et des échanges désincarnés via les réseaux sociaux l'éloigne sensiblement de la vraie vie, celle où l'on rencontre de vraie personne en face à face. Parallèlement lorsque le réseau de pairs s'amenuise, les modèles identificatoires se raréfient et l'ado perd ses repères psycho-affectifs. Perdant confiance dans ses capacités à initier des échanges, il peut avoir tendance à se renfermer sur lui-même.

Il ne sait plus vers qui se tourner pour demander de l'aide lorsqu'il en a besoin. Le passage à l'acte suicidaire peut se mettre en place si l'ado n'a pas pu exprimer sa souffrance notamment auprès de camarades attentifs et empathiques.


La déception sentimentale 

L'adolescence inaugure une période délicate où l'on commence à vivre ses premiers chagrins d'amour. La rupture sentimentale n'est facile pour personne, elle l'est encore moins pour le jeune adolescent. Le jeune se retrouve facilement anéanti par une déception amoureuse et il peut penser qu'il ne s'en remettra jamais. Lorsque l'engagement amoureux est profond et durable, la rupture est encore plus dévastatrice car elle est à la hauteur de son investissement affectif.


Comment savoir si un adolescent a des idées suicidaires ?

Le suicide est précédé d'un ensemble de manifestations qui peuvent avertir des intentions du jeune adolescent. Néanmoins le décryptage n'est pas si facile car les appels à l'aide peuvent prendre plusieurs formes.

Il existe bien évidemment des messages directs qui expriment ouvertement son intention "j'ai envie de mourir", "plutôt mourir que de continuer à vivre ainsi"...Ces messages servent d'avertissement, l'enfant cherche avant tout à attirer l'attention afin d'exprimer son mal-être. Il est certain que de tels messages exigent une réponse parentale appropriée sans quoi l'adolescent risque fort de mettre son projet à exécution s'il n'est pas entendu. 

Les messages indirects sont plus subtils, ils n'évoquent pas directement l'acte suicidaire. Ils font cependant allusion à une probable disparition, à un départ, "quand je ne serai plus là", "vous serez mieux sans moi", "vous aurez bientôt la paix"...L'adolescent peut également témoigner de la sympathie pour un personnage de film souhaitant mettre fin à ses jours. Il peut manifester de plus en plus d'intérêt pour les scènes de suicide.

A côté de ces messages, il faut également apprendre à décoder les signes cliniques caractérisant le jeune adolescent en proie à des idées suicidaires. Voici les signes les plus évidents : 

        - état dépressif : apathie, aboulie, repli sur soi, tristesse, pleurs, abattement

        - anxiété, angoisse

        - troubles du sommeil, troubles de l'appétit

        - irritabilité, crises de colère ou à l'inverse absence totale d'émotion

       - faible estime de soi, découragement

       - perte d'intérêt pour les activités courantes

       - refus de communiquer, mutisme, isolement social

       - difficultés scolaires, inattention, difficulté à se concentrer

       - hyperactivité ou à l'inverse extrême lenteur

        - signes de comorbidité comme l'alcoolisme, la dépendance aux drogues ou aux médicaments

       - attrait pour tous les sujets touchant à la mort.


Comment aider l'adolescent suicidaire ?

Nous ne le dirons jamais assez mais le meilleur moyen d'aider l'adolescent en proie à des idées suicidaires est d'être à l'écoute afin de détecter le moindre signe de souffrance et de mal-être. Avant d'être un jeune qui veut mettre fin à ses jours c'est d'abord un jeune qui souffre. En proposant cette écoute, le parent joue un rôle primordial : il montre à l'adolescent qu'il n'est pas tout seul, il brise l'isolement dans lequel le jeune s'est retranché.

N'oublions pas qu'avec l'adolescent l'écoute revêt des allures particulières : ni jugement, ni conseil, ni morale, l'écoute doit se faire dans un premier temps de manière inconditionnelle. Il faut faire preuve de patience, l'écouter sans l'interrompre, sans le sermonner, sans le culpabiliser. Il faut le laisser se livrer afin qu'il est la possibilité d'être réellement entendu, compris, soutenu. Il faut bien sûr savoir prendre l'entière mesure des problèmes, en reconnaître la légitimité, ne pas sous-estimer la gravité de la situation et le féliciter d'en parler.

Ce n'est pas toujours une tâche facile pour un parent, raison pour laquelle il est parfois souhaitable de se faire aider ou assister par un proche ou un ami.

On pourra également avoir recours à un professionnel si la situation l'exige car la prise en charge de ses difficultés par une tierce personne totalement étrangère à la sphère familiale peut être très appréciée par l'adolescent.



Bibliographie :

- "L'adolescent suicidaire" de Xavier Pommereau (2013)- éditions Dunod

- "La fragilité psychique des jeunes adultes" de David Gourion (2015)- éditions Odile Jacob

- "La vie en désordre, voyage en adolescence" de Marcel Rufo (2009) - Essai (poche)


Aurore FALLERI 

Thérapeute pour enfants/ados et adultes/couples.


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